C’était la première et peut-être la dernière fois, je ne le sais pas encore.
Cette sensation d’être habitée, envahie, épiée, était quelque peu étrange et intriguant. Je n’ai jamais saisi le concept d’être la moitié de quelqu’un, comme si nous fusionnons avec une autre personne, que nous n’étions plus libres de nos choix, de nos mouvements, de nos actes, par la simple raison de ne plus être seules avec notre corps et notre esprit.
À présent, je le comprends, car je l’ai littéralement, émotionnellement, physiquement vécu. Tous mes sens étaient en éveil permanent, ma charge mentale décuplée, mon identité remise en question, avec ce point d’interrogation qui tournait en boucle dans ma tête : qui suis-je maintenant ?
Pour la première fois, j’ai expérimenté de nombreuses premières fois.
Celle des nausées intempestives,
Celle de la fatigue constante,
Celle du tourbillon d’émotions qui se déclare sans prévenir,
Celle des petits coups dans le ventre, des envies pressantes,
Mais aussi celle des gens bienveillants qui te cèdent leur place dans le bus, la file d’attente.
Celle de ne plus trop se reconnaitre, de s’aimer un peu moins, parfois un peu plus,
Celle de ne plus rien savoir.
Une première fois qui ne s’oublie pas car elle est le commencement de milliers d’autres, que j’ai vécu, que je vis et que je vivrai encore à tes côtés, je l’espère le plus longtemps possible.
