Quand viendra l’heure #2

Tic tac tic tac.

Ce son bourdonne à mon oreille comme celui d’une abeille. Il faut y aller à présent. Je vais finir par arriver en retard. Au fond, serait-ce si grave ? Je pourrais simplement m’asseoir un instant, profiter de ce moment pour rêver ou penser sans but précis. Suffirait-il que je me pose quelques minutes pour donner un sens à cet empressement ?

Tic tac tic tac.

Il est bientôt l’heure. Je n’arrive pas à me décider à y aller. Quel en est le réel intérêt ? Pour des questions de santé me dirait le médecin. Il s’évertue à me le répéter, sans arrêt. Peut-être que si je restais assis, ici, le temps finirait par s’arrêter, définitivement je veux dire. Et si ça arrivait ? Je devrais simplement l’accepter ou bien je ne m’en rendrais pas compte et les choses se feraient naturellement. Ne pas avoir peur, ne pas y songer. La mort n’est pas forcément l’achèvement du temps. Mais comment en être certain ? On ne le peut pas. C’est un questionnement qui restera sans réponse jusqu’au jour où ce moment arrivera. 

Tic tac tic tac.

Il est temps que je décolle. Mes fesses restent collées à mon fauteuil. Impossible de les bouger. Ce n’est qu’un simple contrôle de routine, rien d’alarmant. Je ne devrais pas m’inquiéter d’une situation qui n’existe pas, faire des plans sur la comète. Suivre les règles, être sage, écouter. Ça n’a jamais été mon fort. Si seulement je pouvais m’y résoudre, rien qu’une fois et surtout cette fois. Il est possible que mon avenir ait une toute autre couleur. 

Une bien plus chaude et chatoyante.

Une qui dirait bonjour à la vie et chasserait les idées noires.

Une qui me révélerait au lieu de me cacher.

Tic tac tic tac.

C’est l’heure. Ça y’est. Ma décision est enfin prise.